Une partie du fabuleux trésor de Lava refait surface
- On 29/10/2010
- In Illegal Recoveries
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Photo Felix Biancamaria
Christophe Cornevin - Le Figaro
Il avait été englouti il y a 1700 ans au large d'Ajaccio. Puis retrouvé et en partie dispersé. De nouvelles pièces émergent enfin.
Une enquête marathon, longue d'un quart de siècle, a été nécessaire avant que le fabuleux trésor de Lava ne refasse surface.
Englouti il y a 1700 ans dans une petite anse au large d'Ajaccio, il a fait rêver des générations de pilleurs d'épaves et de pêcheurs d'or, fantasmer les plus grands archéologues et cauchemarder des services entiers de police, de gendarmerie et des douanes qui courent après le magot composé d'un millier de pièces d'or presque pur - 28 carats -, mais aussi de médaillons et d'une fantastique collection de vaisselle en métal précieux.
Ces vestiges remontent à l'époque romaine. Plus précisément au IIIe siècle de notre ère, au moment de la décadence de l'Empire. Après Gallien, Claude II le Gothique puis son frère Quintillus prennent le pouvoir avant que ne règne Aurélien.
La légende veut qu'un haut dignitaire, fuyant une révolte, ait pris la mer à Ostie entre mars 271 et novembre 273 à destination de l'Afrique du Nord, via la Corse. Dans les soutes de sa galère à voiles et à rames, il transporte son précieux chargement, qui n'arrivera jamais à bon port.
Son navire aurait pris feu avant de sombrer au large d'Ajaccio.
Le préjudice est colossal. Il est estimé à plusieurs centaines de millions d'euros - certaines pièces valent 250.000 euros l'unité. Le trésor présente un intérêt scientifique majeur: «Certaines pièces n'ont peut-être jamais circulé et des objets extrêmement significatifs pourraient nous enseigner nombre de choses sur cette période troublée de l'histoire romaine», estime Michel L'Hour, conservateur général du patrimoine, à la tête de la Direction des recherches archéologiques sous-marines (Drasm).
De manière tout à fait mystérieuse, 41 premières pièces d'or, aurei ou multiples, surgissent sur le marché en 1956. Elles sont dispersées aux enchères et font l'objet d'une publication savante établie par Jean Lafaurie, directeur des études de numismatique romaine à l'École pratique des hautes études.
Trente ans plus tard, une petite dizaine d'employés corses, plongeurs amateurs, découvrent un peu par hasard d'autres pièces au fond de la baie de Lava, qu'ils vendent à la terrasse des cafés pour 50.000 francs et s'acheter des BMW, caisses de champagne et magnétoscopes.
Puis, ils trouvent des relais parmi les collectionneurs parisiens chez qui ils dispersent le reste du butin. La justice est saisie et huit pilleurs sont mis en examen.
En novembre 1986, une partie du lot qui se retrouve mis à l'encan au Sporting d'hiver de Monte-Carlo est à son tour confisquée par les douanes.
Parmi les dix-huit pièces rarissimes se trouve un médaillon Gallien, d'une valeur de 150.000 euros et dont il existe trois exemplaires au monde. L'affaire avait défrayé la chronique.
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