Perte d'une gabarre chinoise avec un trésor en argent
Naufrage de la gabarre espagnole la Ferrolène
Et récupération du trésor... En totalité ?
Journal du Commerce et autres sources imprimées - Pascal Kainic
Extrait d'une lettre particulière de Madrid
- 30 juin 1803 (11 messidor, an 11 de la République):
Le commandant de l'escadre espagnole de la compagnie des Philippines, ayant envoyé à Canton, en Chine, la gabarre la "Ferrolène" pour y prendre du biscuit, les facteurs de la compagnie à Manille profitèrent de cette occasion pour faire passer 600,000 piastres fortes à la factorerie de la même compagnie à Canton, et le commerce de Manille en fit autant pour les fonds qu'il avait à faire remettre à la même place.
Malheureusement, une tempête affreuse qui dura cinq jours consécutifs, jeta la "Ferrolène" sur la côte de la Chine, à 40 lieues de Macao, où elle fit naufrage. Dès que les facteurs de Canton eurent connaissance de ce malheur, ils firent partir pour cet endroit un navire avec quarante plongeurs, et ils obtinrent du grand-Sontuc ou vice-roi de Canton, les ordres les plus stricts pour les juges du pays, afin qu'ils eussent à faciliter les recherches et les opérations des plongeurs.
Cet ordre leur fut porté par le second grand-opée ou administrateur des finances à Canton; mais les formalités indispensables pour obtenir cet ordre, et les préparatifs nécessaires pour le mettre à exécution ayant duré trois semaines, la cupidité des chinois qui habitaient la côte ne s'endormit pas; ils firent passer dans l'intérieur des terres tous les hommes qui s'étaient sauvés du naufrage, pour qu'ils ne pussent point les empêcher eux-mêmes de s'emparer de la cargaison, de manière que lorsque les plongeurs, envoyés par la factorerie, arrivèrent, ils ne purent recouvrer que 70,000 piastres fortes, reste de ce qu'avaient laissé les plongeurs chinois.
Mais les facteurs de Canton s'étant assurés que ceux-ci avaient pêché environ 700,000 piastres, qui étaient entre les mains d'individus connus, s'adressèrent de nouveau au vice-roi de Canton, en lui rendant compte de toute cette affaire, et réclamant de sa part les démarches les plus actives pour les faire rentrer dans les fonds de la compagnie, et ils lui désignaient en même temps les détenteurs actuels de ces fonds.
Le vice-roi envoya sur-le-champ un mandarin du premier rang , à l'endroit où la gabarre avait fait naufrage, pour faire restituer tout l'argent qui avait été sauvé, et examiner si les juges du lieu avaient eu part au vol commis par les habitants.
Tel est l'état où se trouvait cette affaire à la fin de l'année dernière, époque des dernières nouvelles qu'a reçues la compagnie; elle avait l'espoir fondé de recouvrer ses capitaux, ou du moins la meilleure partie; mais quand elle aurait le malheur de les perdre en entier, comme elle assure elle-même ses expéditions maritimes, il n'y aurait aucune perte pour les intéressés, la compagnie étant fort en état de supporter celle qui peut provenir de ce naufrage; c'est au point que ce contretemps n'a point diminué le dividende de 7 pour cent qui doit être fixé dans la prochaine assemblée des actionnaires; la compagnie a d'ailleurs dans ses caisses de Manille et de Canton, plus d'un million et demi de piastres fortes, et ces capitaux s'élèvent à plus de 63 millions, argent de France.
Une jonque chinoise et des pièces d'argent (ou piastres) d'épaves
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