Perte corps et biens de la goêlette de l'Etat la Légère
La goêlette "Légère"
- Pascal Kainic -
- Pascal Kainic -
Année 1850 -
Nous avons la douleur d’annoncer un affreux sinistre pour la marine militaire française. La goélette de l’état la "Légère", Capitaine Moisson, attachée au service local de la Martinique, a sombré sous voiles, le 13 juin à quatre heures du matin, en se rendant de Fort de France à la Trinité.
Trente-trois hommes qui formaient l’équipage ont été engloutis avec le navire.
Sur qui doit retomber la responsabilité de ce malheur ? Pouvait-on prévoir ? Sur dix goélettes du modèle de la "Légère "envoyées aux Anilles depuis l’année 1825, sept ont péri de cette manière : "L’Emeraude", la "Topaz", la "Jonquille", la "Rose", "l’Anémone", la "Jacinthe" et la "Doris" perdue corps et biens à son retour dans la rade de Brest.
Serait-ce enfin le dernier et fatal exemple de l’imprudence des gouvernants de la marine ? On a droit de l’espérer.
La "Légère "a sombré dans le canal de la Dominique, à la hauteur du bourg de la Basse Pointe. Elle naviguait sous toutes ses voiles, la fortune exceptée, bâbord amures, le cap au sud-est, avec brise d’est nord-est mal établie, lorsque tout à coup le vent refusa et les voiles furent masquées.
La barre fut mise au vent, mais au moment où la goélette arrivait, les vents revinrent de l’est nord-est donner avec furie dans les voiles, et le bâtiment n’obéissant plus à son gouvernail, se coucha sous la pression du grain pour ne plus se relever.
La "Légère" était chargée de provisions destinées à ravitailler les postes militaires de la Trinité et une somme de 83.000 francs pour le service du trésor.
Sur 45 hommes qui se trouvaient à bord, quatorze seulement ont pu être sauvés grâce au généreux dévouement des habitants de la Basse Pointe.
L’infortuné Moisson est au nombre des victimes ! Officier aussi modeste que distingué, après avoir ordonné aux marins qui l’entouraient, de se diriger vers la Martinique, qui leur offrait quelques chances de salut et avoir refusé avec persistance le secours que lui offrait un des hommes de son équipage, il lui aurait dit en montrant l’endroit où sa goélette venait de disparaître :
« C’est là où je dois rester ! Sauvez-vous si vous le pouvez… »
Accablé par l’évènement qui venait de le frapper, épuisé de fatigues, embarrassé par ses vêtements qu’il n’avait pas voulu quitter, il a disparu pour toujours…
Un trésor perdu dans la mer des Amériques ...!
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